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L’invitation à dîner

          Un jour, mon fils m’a demandé : “Maman, si tu pouvais dîner avec quelqu’un de célèbre qui inviterais-tu ? M’Bappé ? Angèle ? Omar Sy ?” 🌟
J’avoue que c’était une question très intéressante à laquelle je n’avais jamais pensé car je ne suis guère attirée par les paillettes, la gloire et tout ce qui va avec. 👨‍🎤
Pourtant, j’ai pu lui répondre du tac au tac. Je lui ai dit : “Tu sais, ça ne m’intéresse pas vraiment de rencontrer des personnes connues juste parce qu’elles sont célèbres et que tout le monde les reconnaît. Ce qui m’intéresse, ce sont les personnes qui ont fait des choses extraordinaires dans leur vie. Qui ont su déplacer des montagnes. Qui ont des valeurs tellement fortes qu’elles ont pu aller au bout de leurs rêves envers et contre tout. En fait, mes idoles à moi ce sont des personnes engagées, qui m’inspirent et me donnent la force de croire en mes projets.”
Alors je vous propose un petit tour du monde des personnes avec qui je rêverais de dîner. 🗺️

          Commençons par l’Est. En Asie, la personne que j’aimerais tant rencontrer, c’est Muhammad Yunus. Un homme qui a eu l’idée de rendre accessible à tous le crédit bancaire. Pour que les personnes les plus pauvres puissent avoir le droit de se sortir de la précarité. Il fallait oser, dans ce monde capitaliste, revoir la donne du système bancaire. Lui l’a fait, avec le concept de micro-crédit qui a rendu possible l’accès aux capitaux à tous sans les accabler de taux d’intérêt exagérément élevés. Il a commencé tout simplement, en prêtant lui-même quelques dollars aux villageois voisins de son université qui subissaient de plein fouet une vague de famine dans les années 70. 50 ans plus tard, ce sont plus de 140 millions de personnes qui en bénéficient dans le monde. Imaginez l’impact que cela a eu sur toutes ces vies. Muhammad Yunus a reçu dûment le prix Nobel de la paix en 2005. Et ce grand homme a des incidences même très près de nous : à la MBS, le Yunus Centre for Social Business and Financial Inclusion a été créé en 2019 afin de promouvoir le concept de “social business” qui se veut exempt d’objectifs de distribution de dividendes et durable dans l’engagement environnemental et social. (Et la MBS a eu l’immense honneur de recevoir M. Yunus en personne à l’ouverture du centre !). Muhammad, né d’une famille pauvre de 14 enfants au Bangladesh, a permis à des centaines de millions de personnes partout dans le monde de se sortir de la précarité. Ou quand l’engagement d’un seul homme a un impact retentissant sur des millions d’autres. 💰

          Sur notre vieux continent (et s’il revient un jour par chez lui aux Pays-Bas), je rêverais de déjeuner avec Boyan Slat. À seulement 16 ans, il a tout simplement décidé qu’on pouvait échapper à la fatalité de la pollution plastique dans les océans. À 18 ans, il passe à l’action. Il invente un système autonome de filets dérivatifs qui capturent les déchets, qui seront eux-mêmes récupérés par des bateaux pour être rapportés sur terre afin d’être triés puis recyclés. Son ONG The Ocean CleanUp a pour “simple” ambition de nettoyer 90% de tous les déchets des océans d’ici 2040. Pour cela, Boyan et ses équipes, partant du constat que 80% de la pollution mondiale provient de 1000 fleuves dans le monde, ont décidé de s’attaquer également à la source du problème en déployant leurs filets dans les rivières. Après avoir essuyé quelques échecs et notamment des ruptures de filets, ils sont maintenant au point et collecter les 100 millions de kilos de plastique qui composent le tristement célèbre “6ème continent” ne leur fait pas peur. Boyan a aujourd’hui 30 ans, et tant de défis devant lui. Boyan, merci pour ce que tu fais pour notre planète, et si tu me lis un jour, on peut aller déjeuner au bord de la Méditerranée et envisager de rendre notre grande Bleue aussi belle et propre qu’elle le mérite. 🪸

          Encore plus jeune que Boyan, comme quoi “La valeur n’attend point le nombre des années”, sur le continent américain j’aimerais dîner avec Autumn Peltier. Cette jeune femme de 20 ans a commencé son militantisme à l’âge de 7 ans en participant à une manifestation contre la pollution à l’uranium de la Serpent River. Au moment où ses petits copains jouaient aux Pokémons dans les cours de récré, elle, de son côté, a commencé son engagement pour l’accès à l’eau potable dans le monde. Surnommée “la guerrière de l’eau”, elle vient de la communauté canadienne autochtone Wiikwemkoong où l’eau est un élément vivant, sacré. À l’âge de 12 ans, elle interpelle le 1er ministre canadien Justin Trudeau qui lui fait la promesse de protéger l’eau. À 13 ans, elle intervient à l’assemblée générale des Nations Unies pour interpeller le monde sur la pollution des sources d’eau potable. À 14 ans, elle est nommée commissaire en chef de l’eau par la première nation Anichinabée (un ensemble de nations autochtone d’Amérique du Nord), marchant ainsi sur les pas de sa grand-tante Joséphine. Finaliste quatre fois au Prix international de la Paix, elle fait partie en 2021 de la liste des 50 personnalités canadiennes les plus influentes. Aujourd’hui, son combat continue car, même dans son pays natal, de nombreuses communautés canadiennes n’ont pas accès à l’eau potable à cause de la contamination industrielle, du manque d’infrastructures ou encore du réchauffement climatique. Autumn, ton audace, ta fougue et ton engagement sont une source inépuisable d’inspiration pour impulser du souffle à tous les combats. 💧

          En Océanie, je serais très heureuse de pouvoir échanger avec Melanie Perkins. Celle qui a commencé sa vie entrepreneuriale en vendant des foulards faits main sur les marchés à 15 ans, est depuis 2021 l’une des femmes les plus riches d’Australie. Et ce n’est pas sa fortune colossale qui m’intéresse, mais plutôt ce qu’elle en fait. En effet, la cofondatrice de l’outil de design graphique Canva a une fortune estimée à plus de 4 milliards de dollars. Elle qui s’est heurtée à une centaine de refus de la part d’investisseurs pendant sa recherche de fonds initiale, pourrait vivre à présent de manière fastueuse et ne se préoccuper que de faire fructifier ses finances. Au lieu de cela, elle vit chichement, s’est mariée avec une alliance à 30$ et donne la plupart de ses revenus à des associations. Avec son mari, en novembre 2021, ils rejoignent le Giving Pledge (une campagne qui vise à encourager les personnes les plus fortunées à s’engager en donnant la majeure partie de leur argent à des fins philanthropiques), attribuant au moins la moitié de leur fortune à des fins caritatives. Aujourd’hui, Canva emploie 3500 personnes et permet à 135 millions de personnes dans le monde de créer des publications avec des outils simples d’utilisation. L’entreprise, estimée à 40 milliards de dollars, cède 30% de ses fonds à sa fondation et donne accès gratuitement à sa version premium à 400 000 ONG. Melanie Perkins est donc l’exemple qu’en commençant en vendant sur les marchés, en se confrontant à des centaines de portes fermées, on peut aboutir à une incroyable réussite, et garder les pieds sur terre. Elle incarne littéralement le modèle économique que j’aimerais suivre : être riche pour pouvoir en faire profiter le plus grand nombre. 💝

         Enfin, pour finir de manière onirique ce tour du monde imaginaire de rencontres ultra-inspirantes, j’aimerais aller en Afrique, où ma plus grande idole est une femme qui a réussi un défi écologique immense : Wangari Maathai. Surnommée “La femme qui plante des arbres”, elle a oeuvré toute sa vie pour rendre vie à la nature en Afrique. Elle a commencé en plantant 7 arbres, le 22 avril 1977 (le “jour de la terre”), après avoir fait le constat que la déforestation aggravait la condition des femmes dans son pays, le Kénya. En effet, les femmes sont chargées d’aller chercher du bois dans la nature pour cuisiner. Or, le déboisement les a contraintes à marcher de plus en plus loin pour trouver le bois. Elle a donc pris l’initiative de planter des arbres pour permettre aux femmes de vivre mieux mais aussi à tout l’écosystème de reprendre ses droits. Le combat de sa vie lui a valu d’être la première femme africaine décernée Prix Nobel de la paix en 2004. Au total, son engagement inébranlable a abouti à la plantation de plus de 50 millions d’arbres. Colossal. Et on ne peut pas dire que sa vie a été un long fleuve tranquille : un divorce, des expatriations, des attaques et des pressions politiques mettant en péril sa sécurité et jusqu’à sa liberté en la conduisant à plusieurs reprises en prison… Et puis un cancer qui aura raison d’elle et de son énergie débordante. Elle est en effet décédée en 2011 et, militante jusqu’au bout et même après, elle a demandé à être mise en bière dans un cercueil en fibres de jacinthe et en bambou, pour éviter l’abattage d’un arbre.
Alors bien sûr, malheureusement je ne pourrais dîner qu’en rêve avec elle. Mais dans les moments de doute et de baisse de motivation, je me mets à penser à elle, à tout ce qu’elle a accompli d’incroyable dans sa vie et qui a un impact jusqu’à aujourd’hui, et je me dis que vraiment, tout est possible. 🌳

          Alors, à la fin de ce tour du monde de dîners aux invités plus que formidables, j’imagine que je n’aurais qu’une seule envie : suivre les pas de ces personnes engagées jusqu’au bout des ongles. Et surtout retenir que “Ce n’est pas le courage qui permet de gagner une bataille mais la persévérance”. -Wangari Maathai- 🌱

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